Accueil | Pays | Égypte | Christianophobie en Égypte : sous-médiatisation ou désinformation ?

13 juillet 2013 | Égypte

Christianophobie en Égypte : sous-médiatisation ou désinformation ?

Depuis 2002, les Coptes manifestent dans l’indifférence des médias au Trocadéro pour dénoncer les discriminations et persécutions qu’ils subissent. En 2009 nous étions le seul média présent :

Editorial paru dans le numéro de juillet 2013 de L’Observatoire de la Christianophobie.

Les persécutions anti-chrétiennes en Egypte ne datent pas de la révolution de 2011. Depuis 2002, une manifestation annuelle des Coptes français se tient place du Trocadero, réunissant des centaines de personnes, mais sans aucune couverture médiatique. En février 2009 l’Observatoire de l’islamisation avait réalisé un reportage vidéo, les intervenants y dénoncaient les discriminations, vexations quotidiennes et islamisation du droit. Nous ne pûmes interroger les participants, même à Paris ils avaient peur de témoigner !

Les discriminations à l’emploi sont la norme: un Copte ne peut prétendre à un poste de responsabilité à l’Université, dans la fonction publique, et sait qu’il sera toujours perdant dans les tribunaux face à un musulman. La charia était déjà une des sources du droit sous Moubarak, même si elle n’était pas la principale comme aujourd’hui.

Dès le début de la révolution, des cas graves de persécutions anti-Coptes ont été censurés par les médias tenant absolument à leur scénario de révolution intrinsèquement démocratique.
En février 2011, les prisons furent vidées par les révolutionnaires. Craignant pour leur sécurité, des monastères commencent à se protéger en élevant des murs d’enceinte. Mal leur en pris, l’armée attaqua les moines du monastère de Saint-Boula (IVème siècle) ! Des vidéos de l’armée attaquant un autre monastère, St Bishoy , Veme siècle, 110 kilms du Caire, furent largement commentées par les organes de presse internationaux : Asianews, AINA, Continental News, Al Masry Al Youm. En France ? Rien, pas une ligne malgré les images accablantes de moines claudiquant après avoir reçu une balle de l’armée !

Témoignage recueilli par l’agence AINA: « Lorsque nous avons essayé de discuter, l’armée a tiré à balles réelles, blessant le Père Feltaows à la jambe et le Père Barnabé dans l’abdomen », explique le moine Ava Bishoy. « Six travailleurs dans le monastère copte ont également été blessés, dont certains avec des blessures graves à la poitrine. »
La réalité ne cadrait pas vraiment avec le scénario de révolution de la liberté et l’islamisme « modéré » des révolutionnaires. Ne pas en parler a permis de préserver au mieux le scénario.

Autre exemple de censure, le 16 octobre 2011 lors d’un cours d’arabe donné dans un collège de Mallawi (province de Minia). S’apercevant que le jeune Ayman Nabil Labil portait, comme c’est fréquent chez les Coptes, une croix tatouée sur son poignet, le professeur lui ordonna de la dissimuler. Le jeune copte s’y refusa et montra, en outre, le crucifix qu’il portait sur une chaîne autour de son cou mais dissimulée sous ses vêtements. Furieux, le professeur frappa le jeune homme et incita les jeunes collégiens musulmans à se joindre à lui dans ce qui allait devenir un véritable lynchage. Le jeune copte mourru. Avez-vous entendu parler de ça dans les médias français ?

Le 10 février 2012 rapporta l’agence Apic, des milliers de musulmans fanatisés, guidés par des leaders salafistes, attaquèrent à plusieurs reprises les chrétiens coptes du village de Kobry-el-Sharbat (el-Ameriya), près d’Alexandrie. Des maisons et des magasins coptes ont été pillés avant d’être incendiés, cette information ne fut pas évoquée en France. Six villages chrétiens ont été attaqués depuis le début de la révolution, une grosse dizaine d’églises et trois monastères.
Les médias, s’ils devaient traiter normalement les persécutions chrétiennes, en Égypte ou ailleurs (Nigeria, Soudan, Philippines…) savent qu’ils devraient leur consacrer chaque jour une couverture, et que cela susciterait mécaniquement une montée de « l’islamophobie » chez les téléspectateurs. Soit ce qu’ils cherchent à éviter dans un contexte de montée des « populismes » en Europe…

L’épisode le plus douloureux fut le massacre par la police en octobre 2011 des Coptes rassemblés place Maspero afin de demander justement l’aide de la police lorsque leurs églises , monastères, biens et personnes, sont attaqués. Les véhicules blindés légers roulèrent sur les manifestants : 29 coptes décédés, plus de 300 blessés. Et des médias qui évoquèrent la violence des Coptes et des « tensions interreligieuses » au lieu de parler de massacre anti-Chrétien.

Lors de la campagne présidentielle, il n’y avait guère qu’Alain Juppé pour croire à une modération des Frères Musulmlans, il faut dire que les médias lui facilitèrent la tâche en censurant les propos les plus radicaux de leur candidat: Selon le média égyptien El Bashayer du 27 mai 2012, traduit par le Washington Times, Muhammad Morsi déclara qu’il voulait « parvenir à la conquête islamique de l’Egypte pour la deuxième fois, et faire convertir tous les chrétiens à l’islam, ou bien leur faire payer la jizya » (taxe islamique). « Nous ne permettrons pas que Ahmed Shafiq [principal concurrent à la présidentielle, laique] ou que quiconque empêche notre deuxième conquête islamique de l’Egypte. »

Puis, interrogé sur le vote massif des chrétiens pour son adversaire, il compléta :
« Ils doivent savoir que la conquête arrive, que l’Égypte sera islamique, qu’ils devront payer la jizya ou émigrer »

Et ils émigrent, 100 000 Coptes auraient déjà fui l’Égypte selon les associations. Des filles Coptes sont enlevées chaque semaine par les salafistes, qui représentent tout de même un quart de l’électorat, dans l’indifférence des médias français. L’Observatoire de la christianophobie permet aujourd’hui, avec celui de l’islamisation, de porter au public francophone l’étendue de cette « Nouvelle Solution finale » dont parle le géopolitologue Alexandre del Valle dans son dernier ouvrage « Pourquoi on tue des Chréitens aujourd’hui? » (Maxima, 2012). Car se taire, c’est déjà collaborer au mensonge.

Joachim Véliocas
dernier ouvrage paru Ces maires qui courtisent l’islamisme (Tatamis,2010)