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27 mars 2020 | Milli Gorus, Turquie

Progression constante des islamistes turcs en France : l’ assemblée générale du Millî Görüş fait le point

Le mouvement est autorisé à construire des mosquées ottomanes géantes comme à Strasbourg, Roubaix et Vénnissieux.

Le 21 octobre 2019 se tenait à Paris le congrès du mouvement islamiste turc Millî Görüş. Enregistré intégralement par le média turc MIZANE, son visionnage nous permet de saisir la dynamique de l’organisation à travers la France.

Ce mouvement fut fondé en 1969 par l’ex Premier ministre turc Necmettin Erbakan (mort en 2011) qui voyait l’Europe comme une terre de conquête. « Les Européens sont malades… Nous leur donnerons les médicaments. L’Europe entière deviendra islamique. Nous conquerrons Rome. » avait-il prévenu. Grand ami des Frères Musulmans, Erbakan attira à son enterrement les pontes de la confrérie islamiste dont Rached Ghannouchi qui évoqua la perte d’un «grand frère ». Car le projet est similaire entre les deux mouvements siamois : rétablissement à long terme d’un califat politique basé sur une Loi islamique, qui pourra s’établir par l’épée si nécessaire.

Son secrétaire général en France, Fatih Sarikir, a développé les chiffres clés de l’organisation en termes de fidèles, d’adhérents, de nombre d’associations liées et de mosquées.

A ce jour 286 associations islamiques sont membres de la confédération islamique Millî Görüş France (CIMG), 71 mosquées fréquentées le vendredi par 63776 fidèles. Le nombre d’adhérents cotisant au mouvement est passé de 14 000 en 2016 à 19333 en 2019. Ces adhérents ont permis de récolter 1 054 726 euros l’année dernière.

Les projets de mosquées et établissements scolaires en cours sont au nombre de 22, avec une présence dans toutes les régions françaises ce qui est notable étant donné l’origine très à l’est de son implantation originelle dans les années 70-80. C’est ainsi que les villes de Perpignan, Dijon, Clermont Ferrand, Metz, Creil, Vernouillet-sur-Seine vont accueillir des mosquées, parfois très grandes comme à Clichy-sous-Bois.

Une fédération scolaire nommée Union européenne pour l’enseignement privé musulman (UEPM) regroupe actuellement cinq écoles primaires et secondaires. Les chiffres communiqués sont de 253 enfants scolarisés en maternelle, 492 dans les écoles élémentaires et 448 élèves dans les 4 collèges de la fédération. Et des écoles vont s’ouvrir encore avec la bénédiction des préfets et académies qui laissent faire. Ainsi, à Blois, Rennes, et Belfort des établissements scolaires vont ouvrir leurs portes prochainement.

Une fois le point fait sur ces grands chiffres, le secrétaire général se lance dans une diatribe paranoïaque sur le traitement fait aux musulmans par les politiques et les médias cloués au pilori. Médias et politiques sont accusés de « nier et de banaliser l’islamophobie », de traiter différemment les victimes musulmanes d’attaques, car le « traitement aurait été différent si les victimes appartenaient à d’autres communautés religieuses ». « Leurs silences les rend complices de ces attentats et attaques ». Alors même que les médias se sont largement fait l’écho des attaques contre la mosquée de Bayonne, contre l’imâm de Brest et de la voiture bélier contre une mosquée à Colmar, Fatih Sarikir n’en démord pas et s’indigne de leur « silence assourdissant ». Il aurait pu choisir d’autres exemples d’ « islamophobie » car l’homme à la voiture bélier à Colmar est un musulman ayant crié Allah Akbar, victime de gros troubles psychiques (Lire Ouest-France).

En voulant faire passer les musulmans pour des « citoyens de seconde zone » le secrétaire du mouvement islamique veut susciter la rancœur et la méfiance systématiques des fidèles à l’égard de la société française. La victimisation est un ressort bien connu utilisé par toutes les organisations islamistes du monde.

L’islamophobie entendu même comme la critique intellectuelle de la religion est bien sûr à bannir : « combien de temps encore va-t-on tolérer les propos islamophobes tenus publiquement ? » s’indigne Fatih Sarikir qui poursuit : « l’islamophobie n’est pas une simple opinion comme on voudrait nous le faire croire, elle doit être punie par la loi. » Ne pas punir les propos islamophobes serait « un traitement discriminatoire » selon lui, alors que la religion chrétienne est largement mosquée en France jusque dans les radios publiques comme France Inter.

La présence dans le public de Marwan Muhammad fondateur du CCIF est à noter.

 

Discours solidaire du vice-président du CFCM 

Puis vient au micro le vice-président du Conseil Français du Culte Musulman, l’algérien Chems-Eddine Hafiz dirigeant la fédération de mosquées algérienne de la Grande Mosquée de Paris (700 mosquées affiliées). Le même qui s’est joint à la tribune de Hakim El Karoui dans Le Monde pour proposer ses services dans la lutte contre l’islamisme radical. Les propos tenus au congrès Millî Görüş montrent qu’il est solidaire avec ce mouvement extrémiste.

« Je veux insister aujourd’hui auprès de vous pour dire que le Millî Görüş est un élément important dans l’instance représentative de l’islam de France. Le Conseil français du culte musulman a aujourd’hui besoin de votre fédération. Car il s’agit d’abord de musulmans, nous sommes des musulmans. Quelles que soient nos origines, nos pays d’origine, auxquels nous devons avoir ce lien d’affection. Il y a deux choses importantes aujourd’hui dans cette salle [congrès tenu au Novotel Paris Est] , d’abord nous sommes musulmans c’est ce qui nous uni, mais parallèlement, il ne faut pas faire de hiérarchies nous sommes des citoyens français. »

« Ces deux appartenances ne doivent pas être en contradiction bien au contraire », selon le responsable de la Grande Mosquée de Paris.

« Et je dois insister sur quelque chose, tout à l’heure Fatih a parlé d’islamophobie, c’est vrai aujourd’hui, il y a des actes qui touchent la communauté musulmane. Mais moi je voudrais qu’on ne soit pas dans la confrontation pas dans l’agressivité je veux que nous soyons pédagogues. Il faut que nous arrivions à expliquer à nos concitoyens non musulmans ce qu’est véritablement notre religion. »

Donc pour Chems-Eddine Hafiz, l’islam extrémiste prônant le califat politique et le djihad pour la prise du pouvoir du Millî Görüş (voir cette étude) est le même que l’islam malékite de l’Algérie. Pas rassurant.

Après vient le tour de Anouar Kbibech président du Fond pour les œuvres de l’islam, du Rassemblement des Musulmans de France des marocains, et ancien président du CFCM jusqu’en 2017. 

Pour cette homme la guerre mondiale des terroristes islamistes n’existe tout simplement pas. Dans une interview sur LCI en juin 2015 il affirme « Quand quelqu’un [l’UMP Christian Estrosi, nda] parle de troisième guerre mondiale qui aurait été déclarée à la civilisation judéo-chrétienne, on croit rêver ! ». Avant de réclamer des sanctions pour les médias qui ont donné le micro à Christian Estrosi, pourtant très conciliant jusqu’aux Frères Musulmans à Nice !

Au congrès du Millî Görüş Kbibech vient demander aux turcs une forte participation aux élections du CFCM qui eurent lieu le mois suivant de l’événement.

Puis s’exprime au micro le rustre Abdellah Zekri de l’Observatoire national de l’islamophobie du CFCM qui fit du bruit pour avoir dit il y a quelques mois « Je ne suis pas assimilable, je suis un poison musulman. Celui qui veut m’assimiler, il meurt », en parlant du modèle d’assimilation à la culture française des immigrés naturalisés.

Il accuse le très modéré Jean-Michel Blanquer de « déclaration mensongère » pour avoir pointé la déscolarisation de certains élèves issus de la mouvance du fondamentalisme islamiste. Monsieur Zekri doit être mieux renseigné que le ministre de l’Education Nationale en lien avec le ministère de l’Intérieur sur ces questions. Il s’en prend ensuite à Marlène Schiappa qui a osé évoquer la différence de traitement homme-femme dans l’héritage islamique, « de quoi se même-t-telle ? ». On pourrait lui rappeler que la loi française n’autorise pas cette discrimination mais la Loi islamique prime pour ce personnage.

A la fin du congrès , est interrogé par le média turque MIZANE le président du mouvement Tabligh Foi et pratique, Hamadi Hamammi, qui a remplacé son père expulsé vers le Tunisie pour radicalisme [1]. Il faut ajouter que Mohamed Hamammi (le père) avait frappé une équipe de Canal +. Principal mouvement tabligh en France, il est membre de droit au Conseil Français du Culte Musulman.

Donc toute la « crème » islamiste était bien présente au congrès 2019 du Millî Görüş, événement qui nous avait échappé en octobre dernier, cet article remédiant au manque cruel d’information sur ce mouvement dans la presse traditionnelle.

[1]Tariq Ramadan et le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, avec d’autres imâms de l’UOIF, signèrent une pétition pour défendre Mohammed Hammami contre son expulsion. Pourtant, le président de Foi et Pratique qui était imâm à la mosquée Omar de Paris (la plus extrémiste de la capitale) fut expulsé du territoire français pour avoir « valorisé le jihad violent, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence » contre les femmes, annonça à l’époque le ministère de l’Intérieur en octobre 2012.